mercredi 23 septembre 2009

Episode 105

Sid

La vie de Sid n’est qu’une succession de galères. On ne sait pas comment il fait mais ce garçon un peu gauche, a vraiment la poisse. « Quoi que je fasse ou quoi que je dise, je me met toujours les gens à dos » confiera-t-il à son prof principal. C’est le lot des loosers.
Sid est un gars largué en fait.

Car en fait, ce n’est pas Sid qui joue de malchance, mais plutôt les catastrophes qui viennent à lui parce qu’il ne fait pas attention. D’ailleurs la première scène, celle qui ouvre l’épisode, commence par un prof qui rappelle l’attention de Sid. Alors qu’il est en pleine réunion avec ses parents pour discuter de son avenir scolaire, peu encourageant, Sid est déconcentré par la vision d’un prof et d’une femme de ménage s’offrant un moment de détente. En passant, on peut remarquer que l’épisode débute bien comme d’habitude sur un gros plan des yeux du personnage mis en avant, sauf qu’ici, ils sont ouverts ! D’habitude, on montre le réveil des personnages. Mais ce détail troublant ne révèlera sa signification que bien plus tard. Poursuivons alors le portrait de Sid : globalement, on peut dire qu’il ne se rend pas compte de ce qui se passe réellement autour de lui. L’école, le travail, les notes, pour lui, tout ceci n’est que charabia, le voilà donc contraint de finir une rédaction dans l’urgence pour éviter le redoublement. Ce qui lui vaut d’être sérieusement engueulé par son père.

Dès la première scène, il est présenté comme un « misérable » par son père. Et c’est un peu l’image qu’il renvoie avec ses tee-shirts incroyables, notamment celui avec le chien dont le nez sonore émet un fameux "Mega Dog to rescue ! Attack ! Attack !" lorsqu’on le touche, ou sa chambre complètement en bordel, avec quelques posters de filles nues, ou ses difficultés à écrire deux lignes sur Lech Walesa, préférant envoyer une giclette d’eau sur son hamster avec un pistolet à eau (notez dès à présent que ce pistolet aura énormément d’importance dans cet épisode). Obsédé et frustré sexuellement, car toujours puceau, il se fera même surprendre par Tony en train de se masturber devant une photo de Michelle en maillot de bain ! A la fin, il finira par être passé à tabac par une bande de filles, se retrouvera avec de l’urine d’ivrogne sur lui et s’engueulera à nouveau avec son père. Bref, loin d’être la joie tout ça.

Entre temps, Sid aura l’occasion de découvrir que même son meilleur ami n’est pas celui qu’il croyait. Et c’est au cours de cet épisode que l’intrigue principale commence à prendre du relief. C’est probablement pour cela, qu’il est incontournable dans cette première saison. On en profitera pour en savoir plus sur le personnage de Tony. Et le moindre que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas beau à voir. C’est Sid qui, le premier, se rend compte d’un truc qui cloche. Lui qui l’a toujours suivi aveuglément parce que Tony, c’est quelqu’un « qui sait baratiner » (lorsqu’il l’aide à faire sa rédaction en parlant de l’histoire de l’URSS) ou de « charmant » (dixit la mère de Sid), voire pire un garçon que son père aurait aimé avoir pour fils (« pourquoi tu ne peux pas être comme Tony ? »). Normal que Sid l’érige comme modèle. Surtout lorsque sa petite copine n’est autre que la langoureuse Michelle dont il est raide dingue. Mais cette image va sérieusement s’écorner.

Au départ Tony propose à Sid de laisser tomber son devoir. On pourrait juste se dire qu’il veut que son pote s’amuse, mais Tony ne pense pas aux autres, il pense à lui. Car Tony a un plan. Particulièrement pervers. Il va se mettre en place lentement et subtilement.
Cela commence à l’église, où Tony doit chanter avec sa chorale de filles. Michelle, Sid et Chris sont venus le voir pour finalement découvrir avec stupeur que Tony chante en duo avec une blondasse qu’il finit même par embrasser ! Furieuse, Michelle décide de rendre des comptes et se met à les insulter tous les deux dans les loges, bien que Tony se défende de quoi que ce soit, sous prétexte que ce n’était qu’un show. Par la suite, Tony va alors proposer à Sid d’en profiter pour tenter de la consoler et de la séduire, en somme comme s’il offrait sa copine. La proposition scandalise Sid. Tony semble n'éprouver aucun remord et lui tient un discours des plus étranges. Et c’est là qu’on en apprend plus sur Tony : sa façon de penser est complètement incohérente ! On comprend mieux dès lors pourquoi il était impossible de savoir à quoi pensait Tony dans son centric à lui : Tony n’a aucune morale !
Ses justifications, à base d’atomes dans l’univers, d’énergie, de chances à ne saisir qu’une fois dans sa vie et autres incongruités, plongent Sid dans le désarroi. Pris entre ses principes et son envie de séduire Michelle, il ne sait pas quoi faire, surtout lorsqu’il finit par s’apercevoir que Tony trompe bien Michelle avec l’espèce de blondasse. Car tout était voulu.

Et on comprend que tout ceci était prévu à l’avance. On se remémorre alors comment cela s'est préparé. Notamment lorsque Tony s'est décidé d’inviter Michelle et Sid au concert. Assis sur un banc en train de lire du Nietzsche, Tony ignore Michelle venue le rejoindre pour flirter du regard avec la fameuse blondasse, nommée Abigail, ne l’écoute même pas, puis finit par surprendre Sid en train de fumer sur la pelouse, avant de proposer alors à Michelle de venir le voir chanter et d’en profiter pour mettre sa mini-jupe noire, celle dont Michelle avait dit « qu’elle lui donnait un air de pute ». A ce moment-là, on est loin encore de se douter de la cruauté dont il fera preuve.

Conscient que Michelle est en train de souffrir, Sid se décide d’aller la réconforter. Pour finalement la retrouver dans la rue, sur le chemin du retour, en train d’être prise à partie par une bande de filles, qui se la jouent loubardes, cherchant la noise sous le pretexte d’un certain manque d’égard. Sid aura beau essayer de se dépêtrer de cette situation, il ne finira que par récolter des insultes de la part de Michelle, persuadée que Sid était au courant et qu’il s’est moqué d’elle comme Tony. Et comme si ça ne suffisait pas, le voilà à son tour alpagué par ces mêmes filles. Sid se retrouvera alors à terre, rué de coups, avant qu’un ivrogne ne lui pisse dessus !

Honteux, se sentant minable et voyant bien que tout va de travers, Sid rentrera chez lui, pour se faire immanquablement surprendre par ses parents et se faire à nouveau engueuler. Passablement excédé par tant d’injustice et d’incompréhension, il finira par lâcher à la figure de son père : « tu n’es qu’un pauvre type », remarque qui sera bien sûr la goutte d’eau débordant le vase. Sid sera prié de monter dans sa chambre manu militari. On se prend de pitié pour ce personnage, quelque part attachant par sa maladresse et sa gaucherie, semblant accumuler les déboires ! Et alors qu'on croit que la journée se termine enfin, ça continue ! Il découvre Cassie sur son lit ! Elle qui devait passer le voir, qui avait même pris le soin de ne pas manger de trois jours « pour être jolie », qui est venue l'aider pour son devoir, qui a attendu toute la soirée, la voilà devant lui et on comprend toute sa frustration. Lui demandant des comptes, elle se voit entendre pour excuse que Sid vient de passer la soirée avec Michelle. C’en est trop ! Au cours d’une scène superbe, la voilà qui prend le pistolet à eau, asperge le visage de Sid dans une métaphore des plus explicites, avant de l’embrasser sur la joue et de lui murmurer à l’oreille : « réveille-toi Sid ».

Et là c’est le déclic ! On comprend tout ! Et on réalise à quel point cette série est travaillée !
Car oui, la réponse est là, on devine maintenant pourquoi il arrive tant de mauvais tours à Sid, pourquoi il échoue tant à l’école qu’avec les filles, voire même avec les gens en général, pourquoi il foire tout ce qu’il entreprend : Sid est tout simplement endormi ! Traversant la vie comme dans un rêve, Sid ne fait qu’y être passif. Sid, en refusant de prendre les choses en main, d’assumer ses responsabilités, ne va faire que subir les événements, avec les catastrophes que l’on connaît. Et ce n’est pas étonnant en fin de compte qu’il soit impossible d’ouvrir l’épisode avec le visage de Sid en train de se réveiller ! Cela signifie tout simplement que Sid est en réalité toujours endormi !

Skins, malgré ses faux airs, son second degré, sa tendance à ridiculiser les adultes, dévoile de tant à autre sa noirceur. Petit à petit le drame va s’installer. Et Sid va en être le spectateur impuissant. Jusqu’à aboutir à quelques scènes parmi les plus troublantes que Skins aura montré à l’écran. En effet, le lendemain, Sid se fait déposer à l’école par sa mère, qui lui tient un discours bizarre, le priant de s’occuper de son père et d’être gentil avec lui, ce dialogue laisse poindre quelque chose de plus grave, mais pour le moment, on ne fait que soupçonner les choses sans en être sûr. Juste après, alors qu’il rentre en retard en cours, on se moque de lui pour son cocard de la veille, et même Jal l’engueule pour être allé s’amuser avec Tony au lieu d’accorder le rendez-vous promis avec Cassie. Dans les couloirs, il croise Tony, qui lui demande comment cela s’est passé finalement avec Michelle, prêt à lui donner des conseils en matière de séduction. Perturbé par le comportement de Tony, qui présente sa petit amie comme un cadeau, ou plutôt « une opportunité à saisir », Sid lui fait part de ses doutes, ce sur quoi Tony lui répond une phrase absolument lourde de sens : « on s’en fout de la morale, l’important c’est qu’on ne s’ennuie pas ». Et là, le couperet tombe : que doit vivre Tony dans sa tête pour aboutir à ce genre de conclusions ? Tony est particulièrement perturbé, voire limite un peu flippant et on ignore encore jusqu’où son désir d’expérience le poussera. Quant au pauvre Sid, il prendra son courage à deux mains pour tenter d’obtenir un rendez-vous avec Michelle. Le dialogue sera des plus savoureux. Tout à fait significatif du caractère de Sid : lorsqu’il s’agit de prendre les choses en main, Sid fait tout de travers et ne sait pas comment s’y prendre. Pour être plus juste, en fait, c’est surtout lorsqu’il s’agit pour lui de dire ce qu’il ressent vraiment. Dès qu’il faut pour lui dire ce qu’il ressent, ça bloque, ça coince, et Sid se plante inévitablement. Il aura beau vouloir se détacher de Tony, essayer d’être convaincant et s’expliquer sur ce qu’il s’est réellement passé, Sid sera mis dans le même panier, et se verra envoyé boulé comme un malpropre. Cela aura aussi une autre conséquence : derrière les casiers, se trouvait Cassie qui a tout entendu, surtout les excuses pitoyables envers Michelle, et s'en montre particulièrement vexée.

A ce moment-là, on a alors le droit à un des plus intenses passages de la série, toutes saisons confondues, à tel point que le malaise s’installe. Skins réussit, au-delà d’une superbe esthétique, notamment à l’occasion de ce passage, à distiller un propos assez sombre et désabusé.
Tout d’abord, c’est Cassie qu’on voit dans un snack bar ; devant elle, il y a une assiette avec des frites et un hamburger. Elle hésite d’abord, puis mange avant de finir par se goinfrer. Connaissant les problèmes de Cassie avec l’anorexie, on sait que l’importance et la portée de tout ceci, tant et si bien qu’une scène banale d’une fille qui mange, se dote alors d’une intensité démultipliée. Le message est clair : Cassie n’en a plus rien à faire.
Laissant de côté Cassie à ses affres, on s’attarde à nouveau sur Sid qui malgré tout attend Michelle dans un bar. Celle-ci finit par venir. Sid peut alors s’expliquer et dire qu’il n’était pas au courant de ce qu’avait prévu Tony. Michelle l’embrasse alors sur la joue, lui disant qu’elle « avait oublié qu’il était gentil » à force de le voir toujours traîner avec Tony, avant de lui proposer de danser avec elle, même si elle n’a pas entendu Sid lâcher par inadvertance un « je t’aime », à la fois touchant et pathétique. Dans les bras de la sculpturale Michelle, dont il ose à peine apprécier les formes, Sid ne sait pas comment réagir face à cette fille, qui semble se laisser aller à lui. Mais alors qu’ils se rapprochent, voilà que Tony, qui visiblement avait tout anticipé, débarque à son tour. Face à lui, Sid s’éclipse, et Tony commence à enlacer Michelle, en présentant ses excuses, à peine sincères, mais assorties d’un sourire, et là, on sent le désespoir de Sid, complètement manipulé et qui retourne à la case départ, celle des loosers, dans une totale injustice. Mais ce qui est encore plus pervers, c’est cet étrange ménage à trois, lorsque Tony maintient Sid par le bras pour qu’ils dansent ce slow à trois. Ce mélange des genres et cette promiscuité met mal à l’aise. La série s’étend alors dans des domaines troublant et loin d’être aussi légers qu’il n’y parait.

D’autant que dans le même temps, dans une sorte de crescendo assez saisissant, on voit Cassie sur un banc, le pistolet à eau (toujours le même !) à la main, en train de s’envoyer des médicaments en grosse quantité, avant de s’asperger de l’eau dans la bouche : l’image ne sera que plus équivoque concernant son action ! Elle se met carrément le pistolet dans la bouche… Au final, Cassie de mettra à tournoyer sur le banc et les deux danses finiront par fusionner, à force d'alterner les plans des deux scènes, le tout sous une musique envoutante, sorte de dub langoureux (entre parenthèses, on aura eu le droit à un morceau des Yeah Yeah Yeahs au cours de cet épisode).
Et alors que Sid, déçu du comportement de Tony et de la tournure des événements, qui décidément ne sont jamais à son avantage, se décide enfin à appeler Cassie, il tombe sur Jal, qui se trouve dans une ambulance en train d’accompagner Cassie à l’hôpital et qui se met alors à l’incendier ! Et même lorsqu’il se rend au chevet de la demoiselle, pour constater qu’elle s’en sortira, il est plus ou moins prié d’aller voir ailleurs. « Ce n’est que maintenant que tu t’intéresses à elle ? » lui sortira Jal, particulièrement véhémente. Voilà que Sid se voit reprocher la tentative de suicide de Cassie à force de jouer les idiots et d’ignorer une fille qui voulait juste un rencard avec lui. Ce qui commence à faire beaucoup pour un jeune garçon. A croire que c’est ce qui arrive lorsqu’on se contente de laisser les gens faire. C’est la punition de manquer d’assurance.

Et ce n’est pas fini ! Car un malheur n’arrivant jamais seul, Sid découvre en rentrant chez lui son père en train de déprimer, devant une émission de télé sur des éléphants et des bières vides. Ses parents se séparent et il se retrouve tout seul avec son père ! On saisit mieux, à rebours, la teneur du discours sibyllin de sa mère dans la voiture. Sid choisit ce moment-là pour se réveiller.
Il va commencer à engueuler son propre père et lui dire que tout est de sa faute. Les rôles vont alors s’inverser : c’est son père qui devient le petit garçon. A force les mêmes mots sortent de la bouche de Sid. Mais est-ce bien son père que Sid gronde vraiment ? Les reproches ne pourraient-ils pas s’appliquer à lui-même ? Après tout Sid aussi peut être pris de remords. Jamais il n’a assumé ses responsabilités. Et on rebondit à nouveau sur le thème principal de la série. Chacun des adolescents, à leur manière, doivent se dépêtrer avec leurs responsabilités, malgré les craintes et l’envie de continuer à vivre dans l’insouciance ou la paresse. Pour la première fois, Sid se rebelle et se met en colère. La symbolique est limpide : c’est comme si Sid « tuait son père » et faisait enfin son Œdipe. Car l’emprise de son père était forte. A force de le considérer comme un minable, Sid a finit par y croire ! Pas étonnant qu’avec ce complexe d’infériorité, Sid ait toujours eu du mal à prendre des initiatives. Il a toujours choisit de se laisser aller.
Ici, Sid va agir différemment. De lui-même, sans y être contraint, Sid va passer une nuit blanche dans sa chambre, consulter des bouquins, manger des céréales, et surtout finir sa fameuse rédaction.

Et lorsque Tony tente de l’appeler, pour lui dire qu’il s’est bien marré et que Sid ne doit pas être grognon, Sid jette son portable. Premier signe d’indépendance.

dimanche 13 septembre 2009

Episode 104



Chris

Allons droit au but, ce centric sur Chris est un des meilleurs épisodes de cette première saison.
Ce qui épate avec ce quatrième numéro, c’est la pudeur avec laquelle est abordée l’histoire familiale de Chris. La retenue dans le fond contraste avec l'exagération des images, ce qui renforce davantage les séquences d'émotions, car il faut prévenir, il y en a dans cet épisode. Les tenants et aboutissants ne sont abordés qu’avec parcimonie, par petites touches, suggérant plus que dévoilant, le drame qui se cache derrière tout ça. Chris, qui de par sa nature, ne peut montrer cette facette de lui-même (il ne le fera qu’à la toute fin de l’épisode et précisera bien à Jal, sa seule confidente, de « ne pas en parler aux autres »), devient alors extrêmement attachant. Attachant car il se débat avec l’injustice de son sort. Ce qui pourrait alors passer pour de la stupidité ou de l’insouciance, devient alors un refuge. De toutes manières, Chris n’a fait que fuir.

Alors on pourrait dire qu’il ne fait que fuir ses responsabilités, et ce serait vrai quelque part, et il est en ce sens normal de le montrer courir dans le cimetière lorsque la situation atteint son paroxysme, mais si on voulait être plus exact, on dirait que Chris ne fait que fuir en fait la tragédie qui est la sienne. Pour l’instant, on n’en sait pas trop à propos de ça. On en apprendra plus lors de la deuxième saison, ce qui démontre au passage, l’extrême minutie apportée par les créateurs à propos de la cohérence psychologique des personnages. Chris a peur.
Pour éviter d’aborder cela : devenir adulte, assumer ses actes, gérer des états, Chris va tout nier, occulter les choses et se gaver de pilules.

Dans la tête de Chris, c’est plutôt brouillé, ce qui l’empêche de voir très très loin, ce qui le pousse à dépenser une importante somme d’argent sans penser aux conséquences, et cela possède aussi le don de former un écran de fumée pour taire l’angoisse de sa situation. Etre seul, être abandonné, être rejeté de tous, voilà ce qui préoccupe Chris, et cela on ne le fait que le découvrir petit à petit tout au long de l’épisode, basé sur une sorte de crescendo incroyable.
Car cet épisode sensé partir sous forme de crescendo va flirter avec un ton tragi-comique tout du long, ce qui masque un peu la montée dans l’intensité, pourtant bien présente.

L’épisode débute, comme d’habitude, sur une vue de Chris en train de se réveiller, sauf qu’au premier plan, figue l’aquarium de sa chambre, ce qui rend l’image floue. En réalité, c’est une métaphore : c’est l’esprit de Chris qui est floue, brouillée par tous ces médocs qu’il s’enfile par poignée et dont il collectionne les boites en les punaisant au mur de sa chambre (son mur entier est recouvert, pour un plan stupéfiant). Car Chris essaye tout et n’importe quoi, parfois sans réfléchir, pour s’amuser, pour le fun.
On le découvre ainsi dans une scène hilarante dans la salle de bain, tenter de gérer son pénis en érection continuelle à cause d’une trop grande quantité de pilules bleues, pour finalement se retrouver à pisser en l’air comme une fontaine !

Mais bien vite, on déchante : Chris découvre que sa mère est partie quelques jours et qu’elle lui a laissé une sacré liasse de billets. Ce qui peut paraître une chance – ses amis tentent de le convaincre de tout dépenser – met en exergue un certain malaise. Car il faut se rendre à l’évidence, Chris est livré à un lui-même alors qu’il n’est qu’un ado. Mais personne n’en fera la remarque, car ce sont des jeunes, et les jeunes ne se préoccupent que peu de ce genre de choses, ces choses qui regardent les adultes, et donc les motivations sont trop tristes et sordides pour qu’on s’y intéresse. C’est cette façon de ne jamais abordé le fond du problème qui rend cet épisode superbement subtil et bien mené. Se superposant du reste à la façon dont Chris, lui aussi, gère la situation. Encore une fois, Skins prouve sa haute tenue, en réussissant à caller son style sur la personnalité du personnage mis en vedette.

Pendant ce temps, l’épisode s’accordera quelques pauses pour croquer la personnalité délicieusement naïve d’Anwar ou Maxxie, ou pour tisser avec patience l’intrigue amoureuse entre Tony et Michelle ainsi qu’entre Sid et Cassie, parfois les deux s’entremêlant. Tandis que Sid rame pitoyablement à draguer une fille bourrée à moitié dans le coma éthylique, on surprendra les premiers signes négatifs à propos de Tony. Au lieu de flatter sa copine, préoccupée par son physique, il en profitera pour glisser une bien mauvaise blague, ce qui donnera l’occasion à Michelle de tenter de le rendre jaloux en demandant à Sid ce qu’il pense de ses seins. Mais au lieu de s’énerver, Tony prendra les choses à la rigolade, savourant de voir son meilleur ami s’enfoncer et se couvrir d’embarras, ce que Michelle n’appréciera guère, elle qui aurait aimé que Tony la regarde mieux. Seulement, et le problème est là, Michelle se fait facilement avoir, un petit bisou de Tony et elle lui pardonne bien vite, sans que celui-ci ne s’excuse de son comportement !
Quant à Sid, le malheureux, déboussolé de ne pas avoir osé dire franchement ce qu’il pensait des seins de la fille dont il est amoureux, accessoirement aussi la petite amie de son meilleur pote, il ira s’épancher auprès de Cassie. Si seulement il savait ! Mais Sid ne regarde même pas Cassie, et il faudra qu’à la fin de l’épisode, elle lui demande carrément de sortir avec elle, qu’il accepte, non sans être là aussi embarrassé. Là encore, le don de Skins est de faire développer l’intrigue avec parcimonie, et ce jeu amoureux est loin encore d’atteindre toute sa mesure.

Mais revenons à Chris. Connaissant le garçon, rien de plus normal que de voir qu’il a choisit de claquer tout son fric pour organiser la plus grande soirée jamais organisée. Les cachets coulent à flot, ça danse de partout, Chris ne sait plus où donner de la tête, et d’ailleurs, c’est à peine s’il connaît la moitié des invités. Pour lui, et l’image trafiquée, le montage stroboscopique, la musique dansante l’attestent, cette fête sera une occasion de s’oublier un peu, de laisser les soucis de côté et de vivre crânement son insouciance. Quitte à faire fuir sa prof Angie (l’attrait d’une prof pour un jeune comme Chris parait tout simplement incroyable, et fausse dès lors la crédibilité de l’histoire, mais passons, ce n’est pas ici le propos) à force de bander lors d’un slow ! Au final, quand bien même la fiesta était énormissime, la gueule de bois finit toujours par arriver. Et Chris va payer très cher son penchant pour l’hédonisme.
Alors qu’il doit chercher de la monnaie pour les pizzas, Chris monte dans la chambre de sa mère et finit par découvrir que celle-ci est vide et que sa mère a vidé tout le placard. Cette scène, très touchante, est remarquablement filmée : Chris ne dit rien, il n’y a pas un seul mot de dit, rien qui pourrait expliquer la situation, tout se dévoile par quelques images. D’abord un tiroir vide, puis deux, puis trois. Pour l’instant on ne voit rien venir. Puis Chris, qui commence à comprendre qu’il se passe quelque chose, va ouvrir la penderie pour la découvrir vide à son tour, et là, il réalise tout, comme nous du reste, et c’est le choc : la mère de Chris a tout simplement abandonné son fils. La réaction de Chris est simple et touchante. Il va dès lors rentrer dans le placard, s’y recroqueviller, se blinder en position quasi-fœtale et ne plus bouger jusqu’à ce que ses potes débarquent à leur tour dans la chambre.
Là encore, c’est une réaction de fuite, et on saisit les travers de Chris, dès lors qu’il est placé devant une situation anxiogène, qu’il doit faire face seul, alors Chris panique et se réfugie dans une bulle. Quelle soit de nature physique ou psychotrope.

Progressivement Chris va s’enfoncer. Alors qu’on pensait qu’il avait touché le fond, les choses ne vont que s’empirer. Et l’originalité de Skins est d’opter pour un ton presque humoristique. On aura le droit alors de goûter à quelques scènes comiques, sans savoir si nos sourires sont légitimes. A la limite, on s’en sentira presque coupable.
Après avoir essayé de revendre pitoyablement sa chaîne Hi-Fi, pour réparer le fait d’avoir dépenser l’argent laissé par sa mère en deux temps, trois mouvements, Chris rechute et finalement s’achète à nouveau des pilules. Le lendemain de sa nuit de trip, il se rend à la salle de bain, traversant les pièces de sa maison, couverte de tags et dans un état indescriptible, quasi-bousillées à force de soirées et de squat par les uns et les autres, puis il se décide à prendre une douche. Soudain il découvre dans la baignoire un squatteur ! L’incompréhension est totale et donne lieu à un dialogue des plus truculent ! Chris a beau expliquer être chez lui, l’énergumène rétorque ne pas apprécier son agressivité et le fout à la porte de sa propre maison, à poil qui plus est, afin de rétablir « les bonnes ondes » qu’il sentait menacées !
A la rue, tout nu, Chris se réfugie dans son lycée, auprès d’Angie, qui peine à l’aider, de même pour ses amis, venus lui apporter des fringues et lui annoncer qu’il est la nouvelle gloire de l’établissement pour avoir osé traverser la cour les fesses à l’air. Notons au passage (comme Skins le fera de temps à autre) une nouvelle preuve de l’incapacité de Tony à se montrer empathique. Au lieu de réconforter son ami qui a tout perdu, il l’invectivera de ne pas chialer comme un gosse.

C’est Jal qui se montrera la plus magnanime. Prenant les choses en main, elle l’emmènera visiter son père, dont on ignorait jusqu’à présent l’existence. On se retrouve alors devant la propriété du père de Chris, qui a refait sa vie depuis longtemps, avec une nouvelle épouse et un nouveau bébé. Sa belle-mère prétexte alors être ravie de l’accueillir, ainsi que Jal, mais on sent bien qu’elle est terriblement génée. Mais le plus géné, c’est certainement Chris, complètement mal à l’aise à l’idée de revoir son père. Finit l’adolescent fougueux qui brave les interdits et qui n’a pas peur de violer les règles au nom du fun, on retrouve ici un tout petit garçon intimidé et gauche, ce qui se voit à la façon de se trémousser dans tous les sens.
Alors que son père débarque du boulot, on surprend une discussion rude où l’on apprend qu’il ne souhaite absolument pas croiser son fils, qu’il considère comme un misérable, tout comme sa mère. Evidément Chris entend tout à travers la cloison. Mais il ne se rebelle pas, il encaisse tout et on sent que cela le perturbe. Au travers de cette réaction, on comprend mieux le caractère de Chris. Et surtout son incapacité à se fixer des repères. Chris n’a jamais été qu’abandonné de toute part : par sa mère, par son père, bref par tout le monde. Impossible de prendre confiance en soi.

Et c’est là qu’on touche au fond du problème : Chris n’a pas confiance en lui. D’ailleurs, c’est probablement le point commun de tous ces personnages de Skins, en opposition à Tony, qui lui dégage trop d’assurance et qui va donc progressivement se mettre hors jeu de cette bande. Et c’est là qu’on peut souligner la cohérence de Skins, car tous ces jeunes, bien différents, partagent pourtant leur lot d’angoisse et de fragilité. Et Chris, comme les autres, est tout aussi fragile. On a beau faire le malin, avaler des pilules et faire la fête, on n’en demeure pas moins fragile. Surtout face aux réalités du monde adulte. C'est-à-dire celui des responsabilités. On en revient finalement au thème primordial. Car comment Chris peut-il prendre ses responsabilités lorsque d’une part sa mère fait des crises ponctuelles et part de la maison, et que lorsque d’autre part son père tire un trait sur sa précédente famille ?
Tout cela est fatalement mis en exergue lorsque Chris prend le bébé dans ses bras pour tenter de le calmer, réalise ce qu’il est en train de faire, et finit par le laisser tomber ! Cette scène marquante, dont on ne sait absolument pas sur quel pied danser, cristallisera toute la psychologie de Chris : Chris ne se sent pas prêt tout simplement. Pas prêt à être adulte. Ou alors il n’en a pas envie, au choix. La question fondamentale étant celle-ci : être jeune nous autorise-t-il à se défausser ?

Toujours est-il qu’il va se mettre à fuir. Fuir la réalité en se sauvant de la maison, sans demander son reste, courir dans les rues, poursuivi par Jal, jusqu’à atteindre la cimetière. Ici, et uniquement ici, Chris va faire une pause et se livrer. Soutenu par Jal, le plan se resserre sur son visage et la caméra va oser enfin se fixer pendant longtemps sur Chris, pour une confidence stupéfiante de finesse et d’émotion. Chris raconte alors à Jal le meilleur jour de sa vie. C’était à l’époque où il était chez les louveteaux, et tout le monde s’était moqué de lui parce qu’il s’était fait dessus. Mais son frère – car on découvre presque par accident que Chris avait un frère – est intervenu, lui a séché les larmes, l’a nettoyé, prêter son propre slip puis est ressorti sans que quiconque ose le défier. Aujourd’hui son frère est mort, Chris est assis sur sa tombe, et découvre par la même occasion que sa mère est toujours dans les parages car elle a laissé un bouquet de fleur, et on mesure presque avec effarement que l’environnement familial de Chris est beaucoup plus complexe que ce que cet épisode a bien voulu montrer !

De la même manière que Chris, dans sa chambre d’étudiant, gracieusement prêté par son lycée pour le prendre en charge, va initier son futur mur avec la boite de nouveaux médicaments, son histoire et surtout la façon d’aborder pour lui le monde adulte, est loin d’être encore finie !

vendredi 11 septembre 2009

Episode 103



Jal

L’épisode débute par une classique scène, au cours de laquelle un orchestre de lycéen joue. Cette dernière peut paraître anodine mais en fait, en cherchant bien et en décodant certains procédés stylistiques, on aboutit à un beau résumé de la personnalité de Jal, rien qu’en la voyant jouer de la clarinette.

Tout d’abord, et alors que cela rompt avec les habitudes de débuter en voyant les personnages du centric se réveiller, on démarre sur un zoom de Jal avant qu’elle ne joue de la clarinette. Pourtant cela a beaucoup de sens : en un mot, Jal ne se « réveille » que lorsqu’elle joue. A tous les autres moments, Jal est endormie. Et c’est bien caractériser cette fille, douée, raisonnable mais introvertie.

En effet, Jal n’ose pas se montrer aux autres ; elle se sent inadaptée et incomprise. Ce trouble va se manifester lors de la première scène. Tous les autres musiciens, y compris ce jeune idiot lubrique qui drague les filles du fond au lieu de taper dans les cymables, jouent n’importe comment, ce qui a le don d’énerver leur prof, excepté Jal, qui elle, joue merveilleusement bien et avec calme. C’est un beau raccourci : Jal, dans ce monde bordélique où tout le monde fait n’importe quoi, continue envers et contre tout à faire ce qui doit être fait, pour que les choses soient harmonieuses d’une part (le chaos ou l’improvisation doivent probablement lui être extrêmement angoissant) et pour s’inscrire dans la droite lignée de certains principes auxquels elle croit dur comme fer.

Jal est une artiste non pas par désir de création et d’inventivité comme son père mais elle est artiste parce qu’elle aime les belles choses ordonnées et arrangées, une sorte d’idéal qu’elle sait pouvoir être atteint uniquement dans l’art et non dans la vie. C’est pour cela qu’elle préfère travailler dans un orchestre, suivre une partition et être dirigée. Son père, lui, est un rapeur, il invente en permanence, bouscule les codes et provoque la musique. Elle se situe donc à son opposée. Mais au lieu d’un clash, Jal va jouer le rôle de tampon. C’est le position qu’a choisie Jal : tempérer les choses. Lorsqu’on a la lucidité de constater que le monde va à veau l’eau, on s’engage et on tranche en faveur de la raison, quitte à en sacrifier ses propres désirs.

Car il ne faut pas croire, Jal a un fort caractère, voire même très fort, elle n’a pas sa langue dans sa poche, sauf qu’elle n’ose pas parler. Elle est très vite désapointée par la futilité ambiante, ce qui la blase.
Jal fait partie de ces gens, trop matures pour leur âge, trop intelligents, et manquant de fantaisie, ou plutôt d’envie de braver les interdits, sans doute parce qu’ils savent trop que cela est purement inutile. Etre trop intelligent est une véritable plaie : non seulement on ne se reconnaît pas auprès de son entourage, mais en plus, il est impossible de s’y intégrer. Car l’image qui est renvoyé est celle d’une personne austère. Comme le dit Michelle, la fashion victime : « tu fais tout le temps la gueule ».
Jal a beau faire preuve d’ironie, notamment lorsqu’un journaliste lui demande si elle est contente de jouer pour l’ochestre et qu'elle répond s'en foutre par monosyllabes, elle reste néammoins une fille qui semble s’ennuyer dans la vie, et donc peu engageante. Ce qui la dessert en réalité, alors qu’elle pense à la base être authentique, en combattant des valeurs qu’elle juge (le pire c’est qu’elle a entièrement raison) futiles.

Cela renvoie à un problème crucial : où se situe la vérité ? Notre propre personnalité est-elle infaillible et juste de bon droit ou est-ce l’avis des autres, de la majorité qui l’emporte ? Mais si la majorité a tord ou suit des principes qu’on sait futiles, doit-on se plier à la majorité ? La scène entre Jal et Michelle, archi-vue et revue entre deux copines où l’une veut habiller l’autre, est beaucoup plus engageante qu’il n’y paraît. Michelle veut que Jal change de fringues, pour être plus sexy, ou plus « bandante » comme elle dit, cela peut paraître superficiel de prime abord. Mais en y réfléchissant bien, n’est-ce pas Michelle qui a raison ? Quel avis qui compte ? celui de Jal, qui après tout, possède son propre corps et a le droit légitime de porter ce qui lui plait, quand bien même cela ne la met en valeur, ou alors sont-ce les garçons, ceux qui de par leur regard libineux vont porter un jugement sur son physique ? Car pourquoi se soucier de son apparence si ce n’est pour plaire ?
Ces questions a priori purement adolescentes et qui se tassent avec l’âge, sont tout de même révélatrices de pas mal de questionnements fondamentaux, qu’il ne faut pas négliger, notamment sur le rapport à autrui. Jean-Paul Sartre parlait des autres de la manière suivante : « si je manque une marche et manque tomber, je vais en rigoler, mais dès lors que je le fais devant témoin, je vais me couvrir de honte ». Ici, c’est pareil : la portée de nos actes tirent-elles leur source de nous, de nos valeurs, ou seulement de l’envie d’être remarqué ?

Pour Jal, c’est un problème épineux, puisqu’elle ne veut pas être remarquée justement. Selon elle, l’univers qu’elle côtoie ne correspond pas à ses envies : trop immature, trop gamin, trop superficiel. Le drame vient du fait que Jal se sent complètement incompatible avec son entourage.
A titre d’exemple, citons la scène cocasse et marrante dans la cabine d’essayage. Alors qu’elle cherche une robe de soirée pour son spectacle de musique, Jal fait appel à Sid pour l’aider avec les fermetures Eclair. Le pauvre, timide et maladroit, ne sait pas comment gérer la chose, et Jal lui parle comme s’il s’agissait d’une bouteille de lait à déboucher. Ce n’est pas Sid qui passe pour un être asexué ici, mais Jal qui se voit comme non-attirante et qui ne voit aucun problème à ce qu’un garçon vienne la voir en soutif.
A aucun moment Jal ne se considère comme une fille qui pourrait attirer éventuellement les garçons : parce qu’elle est au-delà de ça, ou au contraire en dessous. Elle a du mal à se situer. Les garçons pour elle ne sont que de gros pervers, en résumé, inintéressant et qui ne pourrait pas la stimuler intellectuellement. Mais ce procédé de sélection est aussi un moyen d’être tranquille.
La clarinette est un refuge : comme le dit Sid maladroitement, elle compense. Mais pas que son appétit sexuel et la fait qu’elle soit toujours vierge, juste son inadaptation au monde adolescent. Et elle le fait au travers la musique. Où là, et uniquement là, elle a l’impression d’être comprise et remarquée.

La première partie de l’épisode s’oriente vers des désillusions diverses. Toutes vont appuyer le sentiment profond de Jal que le monde n’est qu’un tissu d’hypocrisie, de mauvaise foi, quand ce n’est pas de la bêtise pure. Que ce soit son école, où sa directrice lui demande de rappeler les efforts consenties envers sa minorité noire « fragilisée » (alors que Jal vient d’une famille aisée), les clichés envers les black, ses frères, abrutis finis désireux de briller dans le rap, son père, célèbre producteur de R’n’B et sa pouf blanche, Michelle qui passe son temps à rouler des pelles à son copain sans se soucier d’elle, Tony qui trompe Michelle avec la première garce venue, Sid fou de Michelle, alors que c’est une fille superficielle qui craque pour tous les premiers beaux gosses venus, quand bien même ce sont des salopards (notez que c’est dans cet épisode que l’on se rend compte pour la toute première fois que Tony est un salopard, chose qu’on soupçonnait à peine lors de son centric à lui), tous les éléments ajoutent du poids en faveur de la vision bien sombre et désabusée de Jal. Il n’y a rien qu’à voir les yeux blasées ou ses soupirs devant ces piètres scènes. Notamment lorsque Michelle l’abandonne pour se faire « défoncer », comme le lui promet Tony, alors qu’elle lui avait promis une après-midi entre copines. Ou encore lorsqu’elle se décide de céder à Michelle, et qu’elle met une robe à décolleté et qu’elle remarque alors que tous ces amis, même Maxxie, sensé être homo, se mettent à la reluquer. Tous ces principes basés sur le physique et l’apparence la rebutent complètement. Elle ne comprend pas.

Le paroxysme de cette situation est atteint lorsque elle et Sid se font agresser par Mad le Barge. On peut regretter l’intrusion de personnage loufoque et peu crédible dans l’épisode, de par son côté trop grotesque, mais en plus de permettre de se débarrasser de ce scénario extravagant et perçu comme un boulet pour le développement futur de la série, cela permet tout de même de symboliser en image la frustration de Jal. Alors qu’elle croyait s’être faite remarquée par un type, voilà que sa précieuse clarinette est détruite par un pauvre fou, pour une raison absurde. Et si Jal pleure ensuite dans sa chambre, ce n’est pas tant pour avoir perdu sa clarinette mais parce que sa disparition entraîne une victoire de la folie sur son monde si rangé. Mine de rien, la clarinette, et par extension la musique, était le dernier rempart où elle pouvait être prémunie.

Par la suite, Skins va devenir optimiste et infléchir les événements dans le bon sens. On peut le regretter, en ce sens qu’on se dirige vers une sorte de happy end bancale, mais heureusement la suite de la série démontrera le contraire. C’est beaucoup plus ambigu que ça, et l’adaptation à la vie adulte ne mène pas forcément à de bonnes choses, pour Jal comme pour les autres.

La deuxième partie va la faire réfléchir : ses frères qui se sacrifient, son père qui devient aimant, trait de caractère qu’elle surprend lorsqu’il prend la peine de téléphoner à ses fils puis qu’il se met à improviser un flow de toute beauté, le cadeau qu’il lui fait en lui offrant une nouvelle clarinette etc…
Face à ça, Jal va se libérer, elle qui se réfrénait auparavant de peur de marquer son décalage davantage, devenir plus mordante et dire enfin ce qu’elle ressent, notamment qu’elle n’est pas sa mère. Cet affrontement est assez saisissant, notamment par le désappointement du père, devant sa fille qui commet son tout premier acte de rébellion (« tu te laisses aller, tu te sabordes depuis qu’elle est partie »), premier acte adulte en réalité. Une fois ce poids libéré, elle va enfin pouvoir souffler, souffler dans la clarinette en l’occurrence. C’est donc avec une parfaite logique qu’on retrouve Jal à la fin de l’épisode dans sa robe de soirée, devant une salle pleine, prête à jouer.
Sans savoir pourtant ce qui va lui advenir, puisque l’épisode s’arrête brutalement, magnifiquement d’ailleurs, sur une prise de respiration, procédé de coupe absolument remarquable. Car l’important dans Skins n’est pas de savoir l’aboutissement d’une évolution mais l’évolution elle-même et les embûches qu’elle comprend.

samedi 5 septembre 2009

Episode 102



Cassie

Bienvenue dans le monde barge de Cassie !

Cassie est une fille perturbée, extrêmement attachante, qui voit le monde avec des yeux noisette écarquillés mais qui ne voit pas tout à fait ce que nous on voit. Cassie est enjouée, rêveuse, cajoleuse, délirante, sans réussir à cacher qu’elle est détraquée de l’intérieur. Le problème de Cassie, c’est qu’elle déteste pas mal de choses. Ce n’est pas de la rage, bien au contraire, ça ressemble plus à de l’angoisse. Autour d’elle ça ne ressemble en rien à ce qu’il y a dans sa tête : pour elle, la vie est rose, alors qu’en vrai, c’est loin d’être ça, et ça la perturbe. Elle comprend peu de choses, notamment ses parents, totalement hédoniste, bon vivant, passant leur temps à boire, se goinfrer et faire l’amour, dans un esprit égoïste et devant leur bébé, pour Cassie, ce n’est pas le modèle idéal Barbie/Ken qu’elle s’est fabriquée. Pour elle, tout va de travers, il faut de l’ordre. Cassie a des tocs, un bon nombre de tocs, il faut que tout soit classé, rangé et ordonné.

Et surtout Cassie refuse de grandir. Elle est donc anorexique. Car, même si on n’en parle pas dans la série, les effets sur les hormones coupent la puberté. Mais il n’y a pas de jugement moralisateur ici, c’est avec une grande pudeur que Skins aborde ce sujet, sans faire de tabou là-dessus au contraire. Il y a dans cet épisode, une scène absolument époustouflante, où le rideau tombe et Cassie, devant le fait accompli, explique à Sid comment elle réussit à jouer la comédie. Couper la nourriture en petit morceaux continuellement, lancer la conversation, faire goûter à l’autre, se resservir pour cacher la viande par-dessous, changer de sujet au moment de porter la fourchette à la bouche, répéter que c’est trop bon puis prétexter une chose urgente à faire, mettre deux assiettes dont l’une vide par-dessus l’autre et hop, le tour est joué. Skins ne dénonce pas, il montre avec justesse.

Et l’intérêt est porté non pas sur la maladie en elle-même, mais la façon dont Cassie se débrouille avec sa maladie. Ce qui est beaucoup plus subtil. C’est d’ailleurs avec cet épisode que Skins dévoile pour la première fois sa profondeur. Et son envie d’aborder des sujets tendus, toujours sur la corde raide en matière d’émotions.
Il est juste regrettable, pour des besoins scénaristiques, de revenir au scénario grotesque concernant Sid et son dealer, quand bien même on a le droit à certains moments rigolos. Mais la série a besoin, au début, pour se lancer, d’un prétexte pour mettre dans le bain ses personnages. Une fois cela fait et réglé au bout de trois épisodes, on passe aux choses sérieuses.

Pourtant, intercalés, on a le droit à des centrages sur Cassie, absolument superbes, démontrant que la série a d’autres ambitions, bien plus complexes. Balançant entre moments étranges, moments contemplatifs ou voire carrément des moments de malaise, les passages sur Cassie ne laissent en tout cas jamais indifférent. Tant cette fille est différente de toute façon.
On ne peut s’empêcher d’avoir de la tendresse pour elle. Elle sourit tout le temps, elle a une façon de dire « waouh » et de s’extasier pour la moindre petite chose, elle semble réfléchir longtemps lorsqu’on lui dit un truc, elle s’imagine des choses qui n’existent pas, toute cette façade n’est là que pour dissimuler un profond chagrin. Car nous ne sommes pas dupes, Cassie n’est pas bien, mais elle sait, elle a appris qu’il fallait mentir, faire semblant que tout va bien, alors pour Cassie tout est génial, tout est super, et tout est merveilleux, alors qu’en réalité, ce n’est même pas sûr qu’elle ait tout saisi correctement.

Pourtant Cassie a envie d’être indépendante. De pouvoir se débrouiller tout seule dans ce monde adulte qui lui tend les bras, et dont elle se rend compte que ses amis se débrouillent comme des poissons dans l’eau. Elle a envie d’être comme eux, surtout comme Sid, qui lui plait bien parce qu’il est gentil et honnête. Mais pour cela il faudra affronter le désordre et Cassie n’est pas suffisamment prête. Seulement elle a du mal à se l’avouer.
Alors elle va mentir. La scène avec ses parents est criante de vérité : elle s’exclame à tord et à travers qu’elle va sortir de l’hôpital, que ses ennuis avec la nourriture sont enfin réglés, c’est l’éclate, alors que l’on sait très bien que tout ça c’est du barratin.
Preuve en est : elle se fourre des poids dans la culotte pour passer la barre des cinq cent grammes pris et quitter son programme hospitalier. Cassie ne veut plus être dans l’institut, elle veut être une lycéenne comme les autres, alors elle triche. L’épisode dans l’hôpital, qu’on comprend asile (selon la vieille école anglaise) est l’occasion d’ailleurs de plonger dans l’univers étrange du monde psychotique chez les jeunes. En particuliers avec cette scène comico-tragique de la fille qui boit deux litres d’eau d’un coup pour s’alourdir et qui manque se faire dessus.

Le problème de Cassie, c’est son irrésistible envie de vivre normalement, de découvrir des choses et surtout d’être amoureuse, de « croquer » la vie à pleine dent en somme, qui va se heurter violemment à son angoisse existentiel. Cassie va d’ailleurs passer énormément de temps à observer les gens. On comprend d’ailleurs mieux pourquoi les (incroyables) dix premières minutes de l’épisode seront passés à voir Cassie déambuler silencieusement dans les chambres pour regarder les autres dormir. Au lendemain d’une fête qu’on devine énorme, mais dont on ne verra que les stigmates (rideau de pâtes froides, boulettes de viande sur les murs, casseroles remplis de nourritures dégueulasses, gluantes et refroidies, bouteilles d’alcool de partout etc…), Cassie se réveille et découvre petit à petit l’étendu des dégats. La façon dont elle prend le temps d’identifier ses amis encore en train de dormir, de les admirer parfois, de regarder éberluée les débris et le bordel monstre (c’est littéralement impressionnant) dans la maison, on sent bien qu’elle est complètement détachée. Cassie est là sans être là. Cela se devine d’ailleurs très bien lorsqu’elle a une conversation avec les gens : elle esquive, elle répond des banalités, elle se contente d’afficher un visage béat pour que personne ne se doute de rien. En passant, le personnage de Cassie est admirablement joué par Hannah Murray. Pour résumer donc, Cassie en fait préfère sa bulle et elle en sort que très rarement. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’à un moment, on la voit comme flotter dans le couloir de son lycée.

Parfois les discordances avec la réalité sont brutales, comme lorsqu’elle s’invente une romance avec Sid. Lui qui s’est montré précautionneux avec elle, en s’inquiétant qu’elle ne mange pas, va devenir son prince charmant. Elle va s’imaginer recevoir des texto de sa part. Sa schizophrénie la pousse même à repousser ses avances. Qu’il n’a jamais formulé du reste ! C’est là qu’on devine l’étendu du problème. Car Cassie vit dans une bulle mais elle y est enfermée. Elle touche les gens, elle voit les gens, elle les entend même mais elle ne peut pas avoir de contact. Les seuls contacts qu’elle peut avoir, c’est avec les bébés. Son petit frère lui servira de quasiment seul refuge empathique. Elle le cajolera et le bercera. Car un bébé, cela reste innocent. Et Cassie ne peut traiter qu’avec les gens innocents. Les gens asexués en somme. Pendant qu’elle bercera son petit frère, on entendra ses parents s’envoyer en l’air, situation cocasse puisqu’on sent bien le problème de sexualité de Cassie, alors que pourtant c’est en faisant l’amour qu’on fait des bébés : paradoxe source d’angoisse.
Ce n’est pas pour rien si à un moment l’on voit Cassie derrière une fenêtre, reluquer Sid et lui parler en espérant la télépathie. Cassie ne sait réellement parler que dans sa tête. Alors elle fantasme une histoire d’amour avec Sid. C’est que Cassie, à la base, est une grande sensible.

Sa façon d’appréhender le monde n’est pas si simple que ça. Car derrière sa façade et ses mensonges devant la société, il y a aussi la volonté d’y prendre part et de faire ce qu’on attend d’elle. L’accompagnant dans la vie de tous les jours, il y a des post-it, où est écrit un simple mot : « Eat ! ». C’est le seul moyen pour elle de se forcer. Et cela est dingue car il n’y a rien de plus évident et vital que manger. Rien de plus humain, en fait. On la voit d’ailleurs passer un moment à espionner ses parents donner la compote au bébé. Mais manger, pour Cassie, devient un tel problème, qu’elle l’occulte au point d’oublier de manger !
Toute la distance entre le monde réel et la bulle de Cassie est symbolisé dans ce post-it, qu’elle ressort d’ailleurs dans le bus. En rentrant de chez Michelle, où ils avaient fait la fête la veille, Cassie rentre en contact avec le monde extérieur : des lycéennes se goinfrant de gâteaux, un enfant de deux ans avec un biscuit dans les mains, et au milieu, Cassie complètement hagard, avec personne pour la protéger, et on la sent fragile, très fragile. Du reste, cette scène est très bien filmé, avec cette lumière nacrée qui passe au travers les vitres du bus, cette impression de floue et de décrochage, la musique douce et ambient (c’est à partir de là que la BO de la série va s’étoffer petit à petit et prendre de la place) et cette impression contemplative, qu’on rapprocherait aisément des films de Sofia Coppolla (on pense bien sûr à Virgin Suicides).

Mais le monde réel est trop violent. Et c’en est trop pour Cassie. Notamment lorsqu’elle apprend qu’elle a inventé tous les textos de Sid ; elle s’enfuit alors du lycée, manque défaillir et rentre précipitamment chez elle. On voit bien qu’elle veut s’en sortir, mais ne sait pas par quel bout s’y prendre, alors elle fonce dans sa chambre et se précipite d’abord sur sa collection impressionnante de plaquettes de chocolat cachée sous son lit, avant de se raviser.
Elle décide alors d’aller dans un burger où la rejoint son ami, le chauffeur de taxi qui l’amenait à l’institut, pour être encouragée.
Cette scène finale où elle est encapuchonnée, comme pour pas qu’on la voit parce qu’elle a honte d’elle, et où elle se force à avaler la première bouchée, est absolument poignante et très forte. Rien qu’à ses hésitations, sa façon maladroite de détourner la conversation, le regard compatissant du chauffeur de taxi, le fait qu’elle comprenne qu’en réalité, les textos c’était elle dans sa tête qui se les envoyaient, ses yeux braquées sur le burger comme si c’était quelque chose d’insurmontable, tout ça prouve à quel point, cette fille lutte. Cette scène banale d’une ado qui mange devient alors une prouesse et un acte marquant.

Première étape d’un long parcours pour la petite Cassie, la petite délurée, qui est loin, très loin, d’en avoir fini. Car Skins n’a fait là que jeter les bases…

jeudi 3 septembre 2009

Episode 101



Tony

Dès le départ, on déteste Tony.

Il adore se regarder dans la glace après avoir fait ses exercices de pompes, il se permet de ridiculiser son père, il rassemble toute une troupe de filles en chaleur prêtes à se damner pour lui, sa copine est super canon et il se paye le luxe de se moquer de ses seins (pour la petite histoire, l'un est plus gros que l'autre) et même sa voisine de 40 ans n'hésite pas à s'exhiber devant lui.

Cette sensation d'être irrité par son caractère sémera la confusion : est-il normal qu'on soit à ce point jaloux du héros d'une série ? Car a priori Tony est parti pour être le héro de cette série, du moins le personnage le plus charismatique. Tout au long de l'épisode on ne se sentira que peu d'affinité envers ce personnage, trop snob et trop séducteur, et ce manque d'empathie ne colle pas avec le concept d'une série sensé parler des adolescents. D'accord cette image surfaite nous renvoie à nos propres complexes d'adolescent ; Tony c'est un peu le gars in à qui on aurait voulu ressembler étant plus jeune. Non seulement Tony se permet le bagout d'être beau, mais en plus il se permettrait d'oser dire tout haut ce qu'on a jamais osé nous-même penser en notre for intérieur.

En réalité, on ne déteste pas Tony, on est jaloux de lui, on l'envie. Quelque part ce sentiment est malsain, puisque Tony est un personnage de fiction, un rammassi ignoble de clichés, on ne nous montre dans l'épisode qu'une succession de scènes, à la fois coquaces, et à la fois maintes fois vues et revues. Pourtant impossible de se défaire de cela, comme si ça cachait quelque chose d'autre... Car pour l'instant, Tony ne fait strictement rien de mal. De prime abord, il semble accroc à sa copine, et souhaite aider son meilleur ami à se trouver une copine. Le pote idéal en somme. Pourtant, il y a quelque chose chez lui qui cloche, son côté iréel, son absence de profondeur, sans qu'on réussisse à mettre le doigt dessus. Du coup, on reste avec cette froideur.

Justement, il faut dépasser ce trouble car toute l'originalité et la complexité de ce personnage vient justement du fait qu'on a aucune empathie pour lui.

Tony est un beau parleur, irréverencieux, tout le monde l'admire et semble le suivre, notamment son pote Sid qui en devient presque son toutou. Il semble incarner à lui seul tous les fantasmes sur l'adolescent parfait, rebelle, insousciant, et intelligent. Mais derrière cette façade lisse, presque irréel, se cachent beaucoup de problèmes. Justement, il est impossible pour le spectateur de deviner ce que Tony veut, tout simplement. Quelles sont ses intentions, ses projets, ses motivations ? C'est un véritable mystère. Pour l'instant, dans cet épisode, on ne devine rien, mais tout se prépare ici, notamment son envie de s'immiscer dans d'autres mondes, "pour explorer d'autres horizons", comme il le confie à ses amis.

Le problème de ce personnage est qu'il est justement présenté de l'extérieur, tel que les autres le voient. Même si l'épisode est centré sur lui, c'est au travers les yeux d'une voisine en mal d'amour, de jeunes lycéennes coincées, béates devant lui lorsqu'il chante (comme un Dieu en plus, ce salopard), d'un professeur conservateur qui veut lui inculquer les bonnes manières, d'un père plus beauf que raffiné et dont on regrette qu'il ne porte pas de ceinture à son jeans, qu'on découvre Tony. Jamais de l'intérieur. Jamais de son point de vue à lui. Et cette focalisation externe n'est pas innocente de la part des scénaristes. Il en ressort l'image d'un ado qui a le contrôle sur tout, qui est supérieur aux autres, limite pédant. En ce qui concerne ses troubles, rien ne ressort.

C'est ce côté superficiel qui entâche le début de la série.
Du coup, on a le droit à un déroulé peu réaliste, rigolo mais qui ne s'attarde pas trop sur la psychologie du personnage. Cela viendra progressivement tout au long de la saison. En fait, c'était un peu comme s'il n'y avait pas vraiment d'épisode "Tony", puisque Tony est insaisissable, et que c'était tous les épisodes suivant qui traitaient de lui.

Car ce premier épisode ne nous apprend pas grand chose, ni sur lui, ni sur autres. Pourtant on a pu faire le tour de tous les persos qui seront à la base des deux premières saisons. Le premier épisode est basé sur la virginité de Sid qu'il faut absolument lui faire perdre. Pour cela, Tony s'imiscera dans une soirée chez des bourges, afin d'y revendre de la beuh, et demandera à sa copine Michelle de ramener pour Sid, Cassie, seule fille assez folle (et pour cause) pour daigner coucher avec ce looser.

Cela entraînera nombre de situations fantasques, auxquels on aura malheureusement du mal à croire, car trop grosses et un poil too much. C'est un peu le défaut de la série, l'exagération. Et cela devient vraiment irritant lorsqu'il s'agit de parler des adultes, entre le père de Tony complètement ridiculisé ou Angie la prof dont Chris est amoureux, immature et névrosée, qui chiale en pleine classe parce qu'elle s'est faite larguée par le prof de sport. Pathétique et à peine croyable, bien loin de la réalité. Skins a du mal à faire dans la demie-mesure parfois.

Mais ce n'est pas l'important, car ce premier épisode est sencé se focaliser sur les principales préoccupations de ce groupe. Et pou l'instant, tout va bien, la vie est belle. Ils passeront leur temps à faire la fête, à déconner, à faire des virées, et ils seront vraiment soudés entre eux.

Les problèmes viendront plus tard...

mardi 1 septembre 2009

Première génération : saisons 1 & 2



Présentation des personnages :

Gravitant plus ou moins autour du charismatique et manipulateur Tony, beau gosse de 17 ans, toute une bande de jeunes de Bristol, au Sud-Ouest de l'Angleterre, vont passer leurs deux dernières années de lycée à tenter de franchir tous les interdits.

Mais surtout à faire les premières découvertes, en matière de sexe comme de drogues. Tout sera pretexte à se moquer des convenances, choquer les bonnes moeurs et assumer un égoïsme juvénil teinté de douces illusions. Ces virées dans l'euphorie seront l'occasion de se fixer certains objectifs comme perdre sa virginité, assumer son homosexualité, s'adapter à la société ou se défaire d'une attraction trop grande et inhibitrice.

Cela passera par des tranches de fou rire et bien des rigolades mais aussi par des désillusions, notamment vis-à-vis des parents, tous dans l'incapacité de répondre à leurs attentes, ou du monde des adultes en général, trop englués dans leur propre misère névrosée pour servir de cadre stable. Ce qui ne sera pas évident pour se situer : trop cynique pour croire en eux, mais encore trop jeune pour prendre les bonnes décisions. Et encore, s'il n'y avait que ça...

Car ces amis, encore idéalistes et naïfs, vont finir par se rendre compte qu'on ne grandit pas forcément de la même manière et qu'il est dur de maintenir l'unité d'antant. Progressivement les attentes vont se faire de plus en plus frustrantes et des histoires de couple vont apparaître, sans forcément que celles-ci conduisent à quelque chose d'idéal.

Skins est donc une série totalement originale puisqu'elle ne se contente pas de montrer l'aboutissement de ces personnages, tous attachant et à la personnalité, à la fois bien marquée et à la fois complexe, mais s'attache plutôt à se focaliser sur leur cheminement personnel.

Tony



Tony a tout du lycéen qu’on déteste. Il est canon, les fait toute tomber, il est intelligent, il est irrévérencieux mais bon élève et obtient tout ce qu’il veut grâce à son bagout. Mais son absence total de sens moral, inquiétante, le conduit à agir de manière égoïste, voire cruelle. Notamment envers sa petite amie, Michelle, ou envers son ami d'enfance, Sid.

Michelle



Belle, un peu naïve, fashion victim, superficielle, Michelle se fait complètement avoir par les belles paroles de Tony, dont elle est folle d’admiration. Grande sensible et romantique, elle sera confrontée à pas mal de désillusions. Il lui faudra apprendre à disjoindre le regard des autres, sous lequel elle vit, et ses propres ambitions.

Sid



On a toujours eu un pote comme Sid (si on ne l’a pas été un peu soi-même), typique de l’adolescent, un peu looser, mal dans sa peau et constamment largué. Portant des fringues négligées, d’affreuses lunettes et un éternel bonnet, Sid cache des complexes et surtout un manque d’assurance flagrant. Peu doué pour les math, comme pour les filles, et d’ailleurs toujours puceau, Sid traîne sa misère auprès de Tony qu’il admire pour son charisme. Et aussi pour sa copine, dont il est fou amoureux en secret.

Cassie



Cassie est une fille délurée. Anorexique, malade, lunatique, cette fille sera capable du pire comme du meilleur. Obligée de s’adapter à un monde qui est trop exigeant pour elle, elle fera tout pour faire le contraire, afin de continuer à vivre dans sa bulle.

Maxxie



C’est le plus sensible de la bande. Idéaliste et rêveur, Maxxie souhaite que sa sexualité gay, qu'il ose complètement assumer, soit enfin tolérée, même si cela attire le mauvais regard des autres.

Anwar



Lui et Maxxie sont les meilleurs potes du monde. Pourtant tout les sépare. Car Anwar est un obsédé qui ne pense qu'aux filles, même s'il n'en a jamais touché. Influencable, Anwar cherche au travers des fêtes de ses amis à être le plus branché possible. Pas forcément évident lorsqu'on vient d'une famille musulmane. Tout le dilèmne d'Anwar sera là : concilier envies et principes.

Jal



C’est certainement la plus raisonnable. Son intelligence, son fort caractère et son cynisme feront d'elle la râleuse du groupe, mais aussi celle qui fera office de confidente, quitte à ne pas se mettre en avant. Car Jal est une grande introvertie qui garde tout pour elle, même si ça la bouffe de l’intérieur.

Chris



Complètement laissé à l’abandon, Chris devra être livré à lui-même, ce qui n’augure pas du meilleur. Chris en effet est un fétard, qui avale tout ce qui passe et qui a peu conscience du sens des responsabilités.

Lucy (dit "Sketch")



Cette fille est certainement folle. Complètement obsédée et monomaniaque, elle a une vision du monde déformée par sa névrose. Avec elle, on ne sait jamais jusqu’où le malsain peut la conduire. Car Lucy est avant tout une fille très attachée à sa vision chimérique de l’amour, occultant souvent les contrariétés lorsque ça l’arrange.

Effy



C'est la petite soeur de Tony. Complètement mystérieuse et se cachant derrière un mutisme déroutant, Effy semble déjà sur la mauvaise pente, découchant, se laissant entraîner dans diverses expériences et doté déjà d'un esprit espiègle.