jeudi 3 septembre 2009

Episode 101



Tony

Dès le départ, on déteste Tony.

Il adore se regarder dans la glace après avoir fait ses exercices de pompes, il se permet de ridiculiser son père, il rassemble toute une troupe de filles en chaleur prêtes à se damner pour lui, sa copine est super canon et il se paye le luxe de se moquer de ses seins (pour la petite histoire, l'un est plus gros que l'autre) et même sa voisine de 40 ans n'hésite pas à s'exhiber devant lui.

Cette sensation d'être irrité par son caractère sémera la confusion : est-il normal qu'on soit à ce point jaloux du héros d'une série ? Car a priori Tony est parti pour être le héro de cette série, du moins le personnage le plus charismatique. Tout au long de l'épisode on ne se sentira que peu d'affinité envers ce personnage, trop snob et trop séducteur, et ce manque d'empathie ne colle pas avec le concept d'une série sensé parler des adolescents. D'accord cette image surfaite nous renvoie à nos propres complexes d'adolescent ; Tony c'est un peu le gars in à qui on aurait voulu ressembler étant plus jeune. Non seulement Tony se permet le bagout d'être beau, mais en plus il se permettrait d'oser dire tout haut ce qu'on a jamais osé nous-même penser en notre for intérieur.

En réalité, on ne déteste pas Tony, on est jaloux de lui, on l'envie. Quelque part ce sentiment est malsain, puisque Tony est un personnage de fiction, un rammassi ignoble de clichés, on ne nous montre dans l'épisode qu'une succession de scènes, à la fois coquaces, et à la fois maintes fois vues et revues. Pourtant impossible de se défaire de cela, comme si ça cachait quelque chose d'autre... Car pour l'instant, Tony ne fait strictement rien de mal. De prime abord, il semble accroc à sa copine, et souhaite aider son meilleur ami à se trouver une copine. Le pote idéal en somme. Pourtant, il y a quelque chose chez lui qui cloche, son côté iréel, son absence de profondeur, sans qu'on réussisse à mettre le doigt dessus. Du coup, on reste avec cette froideur.

Justement, il faut dépasser ce trouble car toute l'originalité et la complexité de ce personnage vient justement du fait qu'on a aucune empathie pour lui.

Tony est un beau parleur, irréverencieux, tout le monde l'admire et semble le suivre, notamment son pote Sid qui en devient presque son toutou. Il semble incarner à lui seul tous les fantasmes sur l'adolescent parfait, rebelle, insousciant, et intelligent. Mais derrière cette façade lisse, presque irréel, se cachent beaucoup de problèmes. Justement, il est impossible pour le spectateur de deviner ce que Tony veut, tout simplement. Quelles sont ses intentions, ses projets, ses motivations ? C'est un véritable mystère. Pour l'instant, dans cet épisode, on ne devine rien, mais tout se prépare ici, notamment son envie de s'immiscer dans d'autres mondes, "pour explorer d'autres horizons", comme il le confie à ses amis.

Le problème de ce personnage est qu'il est justement présenté de l'extérieur, tel que les autres le voient. Même si l'épisode est centré sur lui, c'est au travers les yeux d'une voisine en mal d'amour, de jeunes lycéennes coincées, béates devant lui lorsqu'il chante (comme un Dieu en plus, ce salopard), d'un professeur conservateur qui veut lui inculquer les bonnes manières, d'un père plus beauf que raffiné et dont on regrette qu'il ne porte pas de ceinture à son jeans, qu'on découvre Tony. Jamais de l'intérieur. Jamais de son point de vue à lui. Et cette focalisation externe n'est pas innocente de la part des scénaristes. Il en ressort l'image d'un ado qui a le contrôle sur tout, qui est supérieur aux autres, limite pédant. En ce qui concerne ses troubles, rien ne ressort.

C'est ce côté superficiel qui entâche le début de la série.
Du coup, on a le droit à un déroulé peu réaliste, rigolo mais qui ne s'attarde pas trop sur la psychologie du personnage. Cela viendra progressivement tout au long de la saison. En fait, c'était un peu comme s'il n'y avait pas vraiment d'épisode "Tony", puisque Tony est insaisissable, et que c'était tous les épisodes suivant qui traitaient de lui.

Car ce premier épisode ne nous apprend pas grand chose, ni sur lui, ni sur autres. Pourtant on a pu faire le tour de tous les persos qui seront à la base des deux premières saisons. Le premier épisode est basé sur la virginité de Sid qu'il faut absolument lui faire perdre. Pour cela, Tony s'imiscera dans une soirée chez des bourges, afin d'y revendre de la beuh, et demandera à sa copine Michelle de ramener pour Sid, Cassie, seule fille assez folle (et pour cause) pour daigner coucher avec ce looser.

Cela entraînera nombre de situations fantasques, auxquels on aura malheureusement du mal à croire, car trop grosses et un poil too much. C'est un peu le défaut de la série, l'exagération. Et cela devient vraiment irritant lorsqu'il s'agit de parler des adultes, entre le père de Tony complètement ridiculisé ou Angie la prof dont Chris est amoureux, immature et névrosée, qui chiale en pleine classe parce qu'elle s'est faite larguée par le prof de sport. Pathétique et à peine croyable, bien loin de la réalité. Skins a du mal à faire dans la demie-mesure parfois.

Mais ce n'est pas l'important, car ce premier épisode est sencé se focaliser sur les principales préoccupations de ce groupe. Et pou l'instant, tout va bien, la vie est belle. Ils passeront leur temps à faire la fête, à déconner, à faire des virées, et ils seront vraiment soudés entre eux.

Les problèmes viendront plus tard...

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