jeudi 15 octobre 2009

Episode 106














Maxxie et Anwar

Difficile de trouver une morale à cet épisode. Basé sur un scénario digne d’une farce de Feydeau, débusquer une profondeur ou un code psychologique révèle d’une mission délicate, voire impossible. L’ensemble n’est qu’une accumulation de clichés.
Clichés sur la Russie, présentée comme pauvre, reclue et arriérée, clichés sur la xénophobie, avec Anwar, adolescent de 17 ans à peine, en voyage scolaire, et pourtant fouillé au corps comme un terroriste (situation cocasse certes, mais qui n’arrive jamais dans la réalité), clichés sur les militaires, corrompus et avides, clichés sur les profs, incapables, dénués de sens pédagogiques et couards au possible, ou encore clichés sur la série elle-même, où les adolescents ne sont là que pour avaler des pilules.

Clairement épisode de transition, on note bien le danger de confier chaque épisode à une équipe de scénaristes bien précises : un coup, on touche au génie, un autre, on touche au n’importe quoi. Choisir de transporter les élèves en dehors de Bristol s’accompagnait d’une bonne intention, mais dans ce cas, l’action est concentrée sur un lieu et un temps, et il ne reste plus aucune place pour aborder l’aspect psychologique des personnages. Pour cela il faut plus de temps, voire même des moments laconiques, tandis qu’ici tout va très vite, tout est resserré, et concernant Maxxie ou Anwar, on n’apprend quasiment rien.
Et lorsqu’il s’agit d’aborder les problèmes concernant leur amitié et les préceptes qui la sous-tend, cela vient comme un cheveu sur la soupe. Il suffit que Anwar découvre un dessin de pénis dans le carnet de Maxxie pour que soudainement son homosexualité devienne un problème. Pourquoi attendre ce moment pour aborder la question ? Bizarre.

Pourtant, il y a réellement lieu de s’interroger : Anwar ne sait pas s’il doit faire preuve de tolérance ou non. Mais Maxxie a totalement raison lorsqu’il lui rétorque qu’il est hypocrite, s’autorisant l’alcool ou la concupiscence, mais restant intransigeant sur l’homosexualité, quand bien même il s’agit de son meilleur ami. Mais ce tracas n’est abordé que de manière superficielle. Et la réaction de chacun est disproportionné.

Pendant ce temps, arriveront quelques aventures, entre Sid et sa drogue dans le cul, la romance entre Angie et Chris, à laquelle d’ailleurs on ne croit pas du tout (difficile de comprendre pourquoi Angie, une professeur adulte et responsable, s’entiche d’un garçon comme Chris, à moins d’imaginer qu’elle est complètement névrosée et limite folle) ou encore cet embrouillamini entre Anka, jeune fille russe qui se fait passer pour une victime, et Anwar, loin de se douter qu’il est en train de se faire extorquer de l’argent. Le sommet du ridicule est sans doute atteint lorsque le maquereau de la jeune fille, se faisant passer pour un mari furieux d’être trompé, sort son fusil devant Anwar et qu’il se fait détrousser par Maxxie, arrivant avec un pistolet. A la fin, les militaires ramenées par Michelle et Jal, sortie en ville, finissent par rétablir l’ordre et par réclamer de l’argent en compenssation. On comprend ensuite que tout ceci était un arrangement, un coup monté, pour soutirer de l’argent à ces anglais. Une sorte de revanche vis-à-vis de la façon dont est perçu le pays par ces mêmes anglais.

Mais pour le reste, que c’est pauvre !

Ah ! Si ! Tout de même : notons ici l’évolution de la folie de Tony. Celle-ci devient de plus en plus ambiguë. Profitant d’un moment de faiblesse de la part de Maxxie, Tony se met à l’embrasser sans sommation ! Puis à un autre moment, il lui propose de lui faire une fellation. Heureusement, Maxxie est le seul à résister aux avances de Tony, et lui rétorque même « on a enfin trouvé quelque chose pour laquelle tu n’es pas doué », ce qui perturbe Tony, peu habitué à essuyer de telle remarque assassine. Concernant les motivations de Tony, c’est le flou absolu. On sent bien que Tony n’est pas fondamentalement attiré par les hommes ; il n’a aucune gêne car il veut tout essayer, sans restriction, et cela est particulièrement dangereux. Et ce qui fait presque peur, c’est qu’il est quasiment impossible de savoir pourquoi Tony se met à agir ainsi ! De la même manière que lors de l’épisode 101, il était impossible de se mettre dans sa tête, ici, on ne sait pas quel était son but, pourquoi il voulait embrasser Maxxie.
Par contre, pendant ce temps, Michelle n’était pas endormie, et a tout observé en silence. Et là, on doit bien se douter dans quel état cela a du la plonger !

L’embrouillamini psychologique continue de se construire autour de Tony et Michelle. Ce qui rehausse un tantinet la qualité de cet épisode. Globalement, celui-ci était grotesque. Cela n’empêche pas qu’on puisse le prendre avec le sourire, et c’est vrai qu’il y a des scènes marrantes. Citons pêle-mêle : Anka en short en train de couper du bois, vision fantasmagorique pour Anwar, les tentatives pitoyables de drague de Tommy, le prof d’histoire, auprès d’Angie, la douche froide à l’ancienne avec un Karcher ou encore la visite de l’usine de colle, où, schéma à l’appui, on démontre comment on broie un cheval entier, avant qu’un canasson bien en chair soit enfermé dans une salle, scène gore mais culte !
Et puis n’oublions tout de même pas, que malgré tout ça, malgré cette légèreté, la série tient son cap : à savoir, pas de happy end. Si bien que nous avons tout de même le droit à une seule scène qui joue sur les émotions : celle où Anwar et Maxxie tente de faire la paix, sans y parvenir. Ils n’arrivent pas à trouver de solutions, malgré leur bonne volonté et leur amitié. Un peu comme si des décisions d’adultes, comme suivre ses principes et en assumer les responsabilités, tuaient d’un coup d’un seul, leur amitié, et dans le même temps leur enfance à tous les deux. On en revient au thème de la série ; ici, les responsabilités sont infanticides. Et vécu dès lors comme un drame.

Dommage cependant que la série tombe parfois dans de telles parodies d’elle-même.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire